La foncière héraultaise Socri Reim prend pied à Miami

C’est un lieu au nom prometteur. Treasure Island (l’île au trésor), située sur la commune de Miami, a attiré la foncière montpelliéraine Socri Reim, dirigée par Nicolas Chambon, qui a décidé de trouver de nouveaux relais de croissance à l’étranger. Depuis trois ans, son entreprise a acheté trois terrains, dont deux sur Treasure Island, dans la plus cubaine des villes de Floride. Son ambition: y développer un chiffre d’affaires cumulé de 150 millions en dix ans grâce à la vente de villas clés en mains.

 «Le marché de l’habitat aux États-Unis est différent de la France. On n’achète pas une maison sur plan, mais une fois qu’elle est construite, et même décorée, explique le chef d’entreprise, fils d’Henri Chambon (219^e fortune de France, selon Challenges), patron du holding Socri Promotion. Pour le promoteur, c’est une prise de risque qui nécessite des capitaux, plus qu’en France. Cependant, la perspective de rentabilité est également sans commune mesure.»

À ce jour, Socri Reim, totalement indépendante du holding familial dont Nicolas Chambon détient 20 %, développe trois centres commerciaux à Béziers, Nîmes et Montpellier. Il loue également ses murs à une franchise des Galeries Lafayette, coexploitée par Nicolas Chambon, à Béziers. «L’immobilier commercial a souffert en raison de la pandémie l’an dernier. Notre activité française a perdu de l’argent, entre 1,5 et 2 millions d’euros. Les comptes sont toutefois positifs grâce à l’offre de bureaux que nous avons développée à Luxembourg, dans la Grand’Rue», assure le patron héraultais, qui voit dans son projet en Floride un moyen supplémentaire de diversifier et sécuriser ses activités. Si la foncière de Nicolas Chambon demeure modeste par son chiffre d’affaires (23 millions d’euros en 2019), elle a rapidement pu se développer grâce à la vente à Unibail-Rodamco de sa participation dans le centre commercial Polygone de Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes), qui lui a apporté quelque 30 millions d’euros. 

«Cela a vraiment permis le lancement de Socri Reim, qui n’était jusque-là qu’un prestataire de services du groupe familial», précise Nicolas Chambon, qui a d’abord réfléchi à se lancer dans l’immobilier commercial en Floride avant, finalement, de s’orienter vers l’habitat. «Avec la pandémie, l’histoire nous donne finalement raison, car de nombreux centres commerciaux ont fermé aux États-Unis et beaucoup d’Américains veulent venir vivre en Floride, assure-t-il. Je reçois toutes les semaines au moins une demande de rachat de nos terrains. Les deux derniers valent déjà 4 millions d’euros de plus que ce que nous les avons payés il y a pourtant peu de temps.»

D’ici à ce que ces programmes soient achevés dans dix ans, Socri Reim aspire à doubler son chiffre d’affaires et réinjecter outre-Atlantique la majorité des bénéfices générés là-bas. «Nous sommes sur une économie de temps long où une trésorerie solide et la confiance des banques sont capitales», rappelle Nicolas Chambon, qui, dans ses futurs chantiers, accompagne, en tant que développeur, la refonte du centre commercial de Fontvielle à Monaco. Un projet de prestige portant sur près de 100.000 m² et remporté au nez à la barbe de majors telles que Klépierre et Carrefour Property.